Avant de débarquer sur Langkawi, gros archipel en bordure de la frontière Thaï, je pensais n’avoir pas beaucoup à en dire. Plages de sable blanc, bains de soleil, cocktails les pieds dans la mer, éventuellement l’une ou l’autre chute d'eau… Autant de souvenirs qui s'accommodent très bien de photos, sans grand besoin de commentaires.


Et pourtant. Si chacune de mes étapes malaisiennes m’a marqué à sa façon, c’est probablement ici que je me suis le mieux senti. Voire, c’est probablement l’endroit d’Asie où je me suis senti le plus serein, l’impression d’être au bout du monde tout en étant un peu chez soi… Qu’on ne se méprenne pas. Celle que l’on appelle le joyau de Kedah est une grosse destination touristique. En témoignent les chaînes de Fast Food qui se trouvent à la descente du Ferry et ailleurs sur l’île. Le genre de visions qui d’habitude, me fais fuir à toutes jambes. Mais pour une raison que je ne m’explique pas, contrairement à Phuket ou à Koh Samui en Thaïlande, Pulau Langkawi n’a pas - ou pas encore - perdu son âme. La grande taille de l’île (près de 500 kilomètres carrés, deux fois la taille de Samui ou de Penang), dont de vastes portions appartiennent encore à la nature, comparée au faible nombre de touristes qu’on y croise lui permettent de conserver un côté authentique et spontané. Même lors des excursions organisées que nous avons fait, nous n’avons jamais eu cette impression de foule, de masse qui souvent gâche la fête (même si on fait nous-même partie du problème, on est d’accord). Evidemment, les projets immobiliers ne manquent pas sur l’île, et il est probable que d’ici 10 ans, l’esprit n’y soit plus du tout le même. A bon entendeur...


En attendant, un chauffeur de taxi nous a confié que Langkawi était actuellement la destination numéro 1 en Malaisie, et dans le top 10 de toute l’Asie. Après coup, on comprend pourquoi. Oui, Langkawi est une île où il fait bon vivre. En réalité, je pense qu’elle concentre tous les atouts qui m’ont tant plu en Malaisie. Les paysages, la bonne bouffe, le confort, le climat,... Mais surtout et avant tout, l’extrême gentillesse et la vraie générosité des malaisiens. Là où en Thaïlande, un sourire cache souvent une tentative de vous vendre quelque chose, en Malaisie, les gens sont prompts à vous aider même s’ils n’ont rien à vous proposer. Nous l’avons vécu de manière très concrète à plusieurs reprises au long de ces trois semaines: à Temerloh, un employé d’un hôtel nous a proposé de nous déposer dans le centre ville, gratuitement, avec son véhicule personnel. Et il a refusé net quand je lui ai tendu un billet en guise de dédommagement. A Cameron Highlands, un taxi a refusé le pourboire que je lui proposais. Même dans les offres commerciales, les malaisiens ne sont presque jamais insistants, là où en Thaïlande, et malgré toute l’affection que j’ai pour ce pays, le racolage peut-être parfois s'avérer pénible. Ajoutez à cela que la Malaisie regroupe des paysages très variés: plages paradisiaques, mégalopoles hyper-développées et petits villages, campagne et montagnes, et vous comprendrez à quel point il est facile de s’y sentir bien.


Mais revenons à Pulau Langkawi. Après 3 bonnes heures de bateau et une course en Uber (!), arrivée au T-Star Cottage, petit havre de verdure où de mignons bungalows s’étirent entre fontaines et plantes exotiques (tout ça pour 12 EUR la nuit, merci Andy et Lola pour ce bon plan ^^). Le lendemain de notre arrivée, location d’un scooter, juste à côté de l’hôtel. Scooter en bien meilleur état que celui de Georgetown, tout comme les routes d’ailleurs. Et avec un trafic nettement moins encombré. Là où la conduite à Georgetown m’était apparue comme un mal nécessaire, ici, j’ai retrouvé le plaisir de la balade. Première étape dans un un joli port de plaisance. Puis quelques mètres plus loin, une plage, en bordure d’une grosse crique. Eau transparente. Palmiers, sable blanc. Un cadre digne d'une publicité Bounty ou d'un générique de Koh-Lanta. Mais le vrai bonheur: pas un chat à l’horizon. Personne, hormis nous, pour venir troubler la quiétude des lieux. Nous en avons profité pendant une bonne heure, seulement interrompue à un moment par une famille française qui passait par là, et par un Malaisien qui y a arrêté son scooter pour fumer sa cigarette. Une vraie plage privée, accessible à tout le monde. Ensuite, escapade jusqu’à Tuluga Tujah, les Sept Bassins en Malaisien. Une belle cascade naturelle qui fraie son chemin à travers la jungle. Quelques touristes, une vingtaine. Rien comparé à la centaine de personnes que l’on aurait croisé dans d’autres endroits d’Asie. Montée jusqu’aux bassins, et pause forcée à cause de la pluie. Enfin, on redescend, vers le Cable Car. Grosse attraction touristique, l’un des plus hauts téléphériques au monde, qui emmène jusqu’au point culminant de l’île et un pont suspendu qui surplombe toute la baie. Je suis tenté par la vue et j’arrive à convaincre Rose de se prêter au jeu (55 ringgits, un peu plus de 10 EUR. Pas impayable mais plutôt cher compte tenu du niveau moyen des prix ici). L’ascension est impressionnante. Arrêt à mi-chemin, puis on termine notre montée sur une deuxième portion de téléphérique. Arrivée en haut. La vue est splendide, mais nous ne pourrons pas en profiter longtemps. Le ciel est couvert depuis déja plusieurs heures, et au moment où nous arrivons en haut, nous nous retrouvons en pleine purée de pois. Too bad, on ne pourra pas admirer la vue depuis le Sky Bridge, impressionnante structure qui surplombe toute la canopée.


Arrivé en bas, on constate que notre ticket d’entrée nous donne droit à plusieurs attractions qui sont regroupées au pied du Cable Car, comme un Disneyland en miniature. C’est payé et on a le temps, on va donc y aller; un peu en mode occidentaux blasés qui ne pensent pas pouvoir être impressionnés par un petit parc d’attractions local du bout du monde. A l’arrivée, une belle leçon d’humilité. L’endroit n’a pas grand’chose à envier à ses alter-egos occidentaux. Un rollercoaster virtuel dans un cinéma à 360° qui parvient à nous donner la gerbe, alors que nos sièges ne bougent pas d’un centimètre. Puis un cinéma 4D nous plonge parmi les dinosaures, avant que l’on ne pénètre dans l’un des plus grands musées d’Art 3D au monde, qui nous permet de nous incruster dans des tableaux loufoques ou des peintures célèbres, par le jeu des perspectives. Fun, parfois impressionnant et totalement régressif.


La visite est terminée, le soir tombe, et il va bientôt être l’heure de manger. Comment clôturer au mieux cette journée caricaturale du tourisme de masse ? Par un bon gros fast-food of course! Yes, on a un peu honte - mais pas tant que ça - en s’arrêtant au McDo qui se trouve sur notre route. Spicy Korean Burger (contrairement à chez nous, quand le menu annonce Spicy, c’est vraiment spicy !) et un Mega Mac (comme un Big Mac, mais tout en double): rien de mémorable, mais notre curiosité est satisfaite.


Initialement, nous devions quitter Langkawi le lendemain matin. En rentrant à l'hôtel, on se dit que finalement on est vraiment bien là, et qu’on est pas trop pressés. Quelques discussions et vérifications auprès de l'hôtel, et c’est vendu pour une journée de plus, journée que nous mettrons à profit pour une autre activité touristique: le Island Hopping. Avant d’être une seule grosse île, Langkawi est en effet un archipel qui regorge de plages propices à la baignade, au lézardage au soleil et à l’observation des oiseaux. Chouette après-midi, à se poser tranquillement entre les rapides transferts en bateau, comme autant de sprints à sensation. Petit sentiment de culpabilité lors de la séance d’Eagle Feeding, un arrêt où le pilote lancent à manger aux aigles qui peuplent les îles, et qui viennent se nourrir à quelques mètres de nous. Il semblerait en effet que la plupart des tours-opérators déversent de la graisse animale dans l’eau, pour attirer les rapaces à certains endroit, ce qui perturberait leur régime alimentaire ainsi que l'écosystème en général. Malgré nos recherches, nous n’avons pas pu trouver de Island Hopping qui faisait l’impasse sur cette étape, ou alors à des prix totalement prohibitifs. Dommage, et espérons qu’à l’instar d’autres lieux en Asie, les locaux comprennent que même d’un point de vue strictement économique, il est dans leur intérêt de préserver leur environnement sur le long terme.


Le soir, retour au Sugar, un bar où en deux jours, nous avons eu le temps de prendre nos habitudes. L’happy hour se terminant à 19.00, Rose avait choisi l'excursion de l'après-midi en fonction de leur capacité à nous y ramener avant 18.00. Contrat rempli, nous nous retrouvons à 18.05 en train de siroter des cocktails - aussi délicieux que bon marché - face au soleil qui se couche doucement sur la plage et les îles qui entourent Pulau Langkawi. Avant de partir nous régaler une dernière fois au marché de nuit, nous trinquons à la Malaisie, à ce pays qui en quelques jours à peine, est parvenu à nous toucher autant qu’à nous charmer.


Pourtant, l'heure des adieux approche: demain, nous continuons notre route vers le Nord, vers les îles du Golfe de Thaïlande et les merveilles du monde sous-marin.


Farewell Malaysia, et merci pour tout <3


[A suivre: Chapitre 9 - Retour à Koh Tao]